Société : On divorce trop à Niamey

De plus en plus, on divorce trop à Niamey, constate-t-on. Pourquoi beaucoup plus de divorces aujourd’hui qu’hier ? Certes, tous les divorces et séparations ne sont pas un mal en soi, car parfois se séparer est la meilleure option dans un environnement toxique.

Le phénomène de divorce prend de plus en plus de l’ampleur au Niger et particulièrement à Niamey où selon Youssouf Mounkaila, Secrétaire Général de l’Association Islamique du Niger (AIN),  à peine des mariages célébrés dans une année résistent à l’humeur des couples. Le divorce c’est la « rupture du lien sacré établi par Allah entre deux conjoints à la suite d’un engagement solennel et qui les prive de la sérénité dont Allah gratifie les époux ».

Une certaine conception du mariage voudrait qu’il tienne dans la durée, tant pour le meilleur que pour le pire. Cela était à une époque où le projet de mariage était un engagement sérieux, une affaire de familles et non une affaire d’amoureux se croisant au gré du hasard de la vie. Depuis que les filles et les garçons du monde moderne ont arraché aux familles la liberté de choisir leurs conjoints, le mariage ne résiste plus aux intempéries de la vie et s’effondre très vite car bâti souvent sur des passions aveugles et des promesses mensongères.

La situation devient de plus en plus grave et malgré une conscience collective du phénomène aucune initiative à l’échelle de la société ne semble en vue pour nous sortir de l’ornière. Le divorce est si banalisé qu’il suffit d’un rien, d’un regard, d’une chiquenaude pour fouler aux pieds les lois religieuses et les règles sociales qui protège le mariage.

L’Association Islamique du Niger (AIN), les tribunaux, les oulémas, les belles-familles sont presque toujours alertes comme des pompiers face au feu sous des dizaines de toits au quotidien.

Les causes de divorces sont multiples et variées ; nous pouvons en citer entre autres :

• Les fausses bases au mariage ;
• L’ignorance des enseignements islamiques en matière de mariage, notamment la méconnaissance ou la mauvaise conception des droits et devoirs conjugaux ;
• L’immixtion des familles ou des amis/amies dans la gestion du couple de leurs enfants ;
• Les effets négatifs de l’usage du téléphone portable et des réseaux sociaux ;
• L’influence de certaines séries télévisées (novelas, dandali) ;
• L’insubordination de l’épouse ;
• L’irresponsabilité ou la démission du mari ;
• Le manque de douceur, de respect ;

Au regard de l’Islam, il faut un motif sérieux et une nécessité impérieuse pour casser le lien sacré entre un homme et son épouse ; le divorce est alors le seul remède à un mariage malheureux et servira les intérêts du couple. Selon AL-Kâsâni : « Le divorce a pour objectif de servir un intérêt : en effet, il arrive que les époux aient des caractères si différents que le mariage ne remplit plus ses objectifs positifs ; l’intérêt des deux parties est alors de divorcer, afin que chacun trouve le conjoint qui lui convient et obtienne ainsi les bénéfices liés au mariage. »

Les principes coraniques et la sounnah visent ainsi à éduquer les époux à être à la hauteur de la responsabilité qu’Allah leur a confiée. Le Prophète (paix et salut sur lui) dit : « Le pire des péchés auprès d’Allah Tout-Puissant, c’est celui de l’homme qui épouse une femme puis, ayant obtenu ce qu’il voulait, la répudie et s’approprie son mahr… » (hadith rapporté par Hakim, d’après Ibn Umar). On est face à un cas d’abus, d’irresponsabilité et de tromperie. Il dit aussi : « Toute femme qui demande la dissolution du mariage à son mari sans motif légitime ne pourra pas sentir l’odeur du paradis. » (Hadith rapporté par Abou Dawoud, d’après Thawban).

Pour des mariages plus solides et plus stables, les hommes et les femmes candidats au bonheur conjugal se doivent de :

• Connaitre les règles islamiques qui régissent le mariage, depuis le processus de sélection jusqu’à la gestion de la famille ;
• Choisir leurs conjoints selon les directives données par le Prophète (sallallahou alayyhi wa sallam) ;
• Faire preuve de bon comportement ;
• Etre équitable envers leurs conjoints et leurs enfants ;
• Honorer leurs engagements, accepter les compromis, bien communiquer et toujours avoir l’initiative de la réconciliation quand il y a conflit.

Qu’Allah renforce et bénisse nos familles.

Atikou Issa

Al Wassatiyah N°001 du 2 mai 2023