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Cri de cœur des candidates au mariage :    Levée de voile sur une réalité sociale à prendre au sérieux

Photo DR

Le message récemment lancé sur les réseaux sociaux portant sur le cri de cœur d’un groupe de femmes désireuses de trouver mari par l’entremise de la mosquée Imam Malik de Niamey (donc le plus religieusement du monde), a tout naturellement soulevé un vif débat sur la toile. Chacun y va de sa vision ou de son interprétation. Mais, la tendance générale qui se dégage, c’est que beaucoup minimisent la portée, voire les fondements de cette démarche courageusement adoptée par ces femmes.

Hélas, force est de constater que cette action est mal perçue par certains intervenants qui voient mal des femmes « quémander » mariage. D’autres affichent leur doute en soupçonnant un coup de tromperie, allant jusqu’à porter réserve sur la moralité des intéressées, arguant que dans notre société il n’appartient pas à la femme de … »chercher mari ».

La réalité, c’est que le problème de la « pénurie » du mariage est tout aussi crucial que sérieux. Vous n’avez pas idée de ce que Niamey compte de filles ayant largement dépassé l’âge de se marier et qui restent sur la longue liste d’attente. S’y ajoute aussi la vague incommensurable des divorcées qui, ayant essuyé les déboires de la vie d’une femme « célibattante », espèrent également réintégrer le cadre doré et plus reposant d’un foyer conjugal.

Ce sont toutes ces catégories de filles généralement dénommées « gabdi » ou « zontôrou » qui, en désespoir de cause, assaillent les bistrots et autres lieux de distraction de la capitale où les orchestres animent des soirées démoniaques, avec tout ce que cela implique en termes d’extravagance (danse impudique, changement de pagnes, tipper-rouler, etc.). Et maintenant, on en trouve même des femmes qui excellent dans la vente et la consommation de la drogue. Sachant que la femme, « mère de l’humanité » et « mère du foyer », est le dernier rempart de la préservation de nos valeurs sociales et culturelles, on peut dire qu’il y a bien péril en la demeure.

Ce cri de cœur lancé par ces femmes dans l’espoir de pouvoir convoler en justes noces, pour échapper aux tentations maléfiques qui les guettent partout et quotidiennement, doit être pris au sérieux par les décideurs et par toute la société nigérienne. Les raisons de cette déconfiture sociale, on les connait. D’abord les données démographiques nationales font ressortir que les femmes sont de loin plus nombreuses que les hommes.

Et comme pour tout compliquer, le lancinant problème de la pauvreté, aggravé par le manque d’emploi des jeunes, continue de peser de tout son poids pour recaler un grand nombre de jeunes gens de tout projet de mariage. Quant à ceux des hommes disposant à suffisance des moyens de prendre jusqu’aux quatre épouses recommandées par l’islam, ces derniers, parce que fortement imbibés d’une certaine culture occidentale, se sont emmurés dans l’enclos infranchissable de la monogamie, avec à la clé une brillante bague d’alliance au doigt.

Il y a aussi le cas, plus grave, de ces hommes aisés qui n’osent, même pas en rêve, prononcer le mot polygamie, tant la Hadjia Warguida est allergique à ce vocable. En effet, elles sont nombreuses, les dames qui une fois ayant intégré leur foyer, ne pensent qu’à fermer hermétiquement les portes de la maison pour éviter toute possibilité à une autre d’y prendre place. Pour tracer leur territoire et en éloigner toute « intruse » éventuelle, ces  »lionnes » sont prêtes à remuer ciel et terre. Conséquence, par cette façon d’agir, elles jettent dans la nature d’autres sœurs qui espèrent pouvoir se caser. S’ajoutent à ces réalités et pratiques tant d’autres pesanteurs socio-culturelles et économiques qui participent beaucoup à imposer un embargo contre la concrétisation de cet espoir légitime nourri par nos sœurs de rompre définitivement avec cette rude vie de célibataire, en intégrant enfin le « paradis » du foyer conjugal.

Le débat sur la problématique de la déliquescence de ce qu’on peut appeler la « panne » de l’institution du mariage est lancé et il reste ouvert. Mais, l’urgence est là : il faut songer aux solutions idoines pour amortir le choc. Autrement, la prochaine révolution viendra de ces femmes. Et avec elles, généralement, ça se règle…à coups de pilon !

 Maïda Hâma

Al Wassatiyah Niger N°001 du mardi 2 mai 2023

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