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Interview de Cheikh Ahmad Tidjani Guruntum « Toute communauté où l’injustice a droit de cité ne saurait prétendre à la paix et à la sécurité », déclare Cheikh Ahmad Tidjani Guruntum

Cheikh Ahmad Tidjani Guruntum est un prédicateur international. Il a séjourné à Niamey du 6 au 11 mai dernier où il a animé plusieurs conférences sur des questions d’actualité brulante du monde musulman. A l’occasion de ce séjour, il a bien voulu accorder une interview exclusive à ‘’Al Wassatiyah Niger’’ sur les sujets comme le terrorisme, le racisme, les réseaux sociaux et la crise du mariage au sein des couples.

Al Wassatiyah Niger : Assalamou alaikoum wa rahamatoullah, Cheikh. Aujourd’hui, le terrorisme constitue un défi mondial. Nos pays souffrent de cette préoccupation majeure. En tant que prédicateur, quelle analyse faites-vous de la situation ?

Cheikh Ahmad Tidjani Guruntum : En ce qui concerne le terrorisme, qui est devenu un phénomène mondial, et que les ennemis de l’islam considèrent comme l’émanation de cette religion pour des raisons politiques et idéologiques, je pense qu’il est la résultante de quatre défaillances de la communauté. Le premier élément, c’est que toute communauté où l’injustice a droit de cité ne saurait prétendre à la paix et à la sécurité. Si dès au départ, l’Etat qui a le monopole de la violence appliquait la justice sans complaisance de sorte que tout celui qui sème le trouble puisse être sanctionné à la hauteur de sa forfaiture, il y aurait peu de candidats à la turpitude dans la société.

Le deuxième élément, c’est la facilité avec laquelle la prolifération des armes s’est développée, de sorte que l’Etat n’a plus le monopole de la violence. Le   troisième élément, c’est l’ignorance du caractère sacré du sang que l’Etat et l’ensemble de la communauté ont l’obligation de préserver. La quatrième dimension du problème, c’est la volonté délibérée des ennemis de l’islam de combattre cette religion en voulant par tous les moyens associer l’islam au terrorisme et à la violence.

Quand vous observez bien, cette crise de terrorisme n’épargne pas les pays musulmans et ceux non musulmans. Dans certains pays, c’est le problème de tribalisme ou régionalisme. Mais comme certains ont un agenda qui consiste à ternir l’image de l’islam, ils ont tendance à ramener tout à notre religion qui n’enseigne que la paix et le bon comportement à ses adeptes.

 

Al Wassatiyah Niger : Du point de vue de l’islam quel est le statut de ceux qui tuent, rançonnent ou sèment des troubles dans les communautés ?

Cheikh Ahmad Tidjani Guruntum : Après le ‘’chirk’’ (l’associanisme), le crime de sang (assassinat, meurtre ou homicide) constitue le plus grand péché en islam. Dieu a interdit de tuer une vie sans raison (dictée par la Loi). Il appartient à l’autorité de protéger la vie qui est sacrée comme nous l’avions dit plus haut. C’est également une obligation pour tout musulman de préserver le sang de son frère en islam. Le prophète Mohamed (paix et salut sur lui) a déclaré que le sang, les biens, la dignité et l’honneur du musulman sont interdits aux autres musulmans. Après la protection de la religion, le deuxième devoir c’est la protection du sang. Il fait partie du bon comportement que les autres et leurs biens soient à l’abri de la main du musulman.

On ne peut se réclamer de l’islam en commettant de la violence et de la terreur sur les innocentes personnes

Je pense qu’on ne peut se réclamer de l’islam en commettant de la violence et de la terreur sur les innocentes personnes. En islam la vie est sacrée à telle enseigne que tuer un seul individu sans raison équivaudrait à tuer toute l’humanité. Ceux qui s’adonnent à la violence aveugle en commettant les assassinats, en semant le désordre sur la terre réalisent-ils seulement la gravité, l’immensité de leur crime ? A notre humble avis, aucune personne jouissant de toutes ses facultés ne pourrait accepter ôter la vie d’un seul individu lorsqu’elle sait que cela est synonyme d’exterminer toute l’humanité.

Al Wassatiyah Niger : Une autre préoccupation c’est le régionalisme ou l’ethnocentrisme dans les communautés. Quelles sont les conséquences de ces idéologies, notamment, dans la société musulmane ?

Cheikh Ahmad Tidjani Guruntum : L’ethnocentrisme et le régionalisme relèvent de l’ignorance, de la ‘’jahilia’’, la survivance des mauvaises pratiques des sociétés antiques avant l’avènement de l’islam. Le prophète Mohamed (paix et salut sur lui) dit à ceux qui utilisent des propos racistes et ethnicistes que leur attitude est nauséabonde. Il défend tout musulman de recourir à cette antivaleur. Cela est d’autant plus vrai que les musulmans sont frères en Dieu, pas seulement de sang. Il serait antinomique de se réclamer de l’islam, de la communauté de Mohamed (paix et salut sur lui) et pratiquer le racisme ou l’ethnocentrisme.

L’islam a interdit ces doctrines exécrables. Il enseigne plutôt aux musulmans de s’aimer entre eux et d’avoir le bon comportement envers les non musulmans. Et d’ailleurs si le Coran dit que nous sommes la meilleure des communautés, c’est parce que nous sommes censés ordonner le bien et bannir le blâmable.

Al Wassatiyah Niger : Les réseaux sociaux constituent une autre épreuve pour l’éducation des enfants, les parents, les familles et les nations. Quelles attitudes pour les musulmanes face aux médias sociaux ?

Cheikh Ahmad Tidjani Guruntum : A propos des réseaux sociaux et des médias, j’appelle les journalistes et les activistes des réseaux sociaux à craindre Allah (Soubhanahou wa Ta’ala). Aujourd’hui, le monde entier subit l’emprise des réseaux sociaux. La communauté musulmane n’échappe pas à cette réalité. Les gens ont tendance à être accrocs à ces réseaux et médias, au point où, certains sans discernement considèrent une information sur ces canaux comme une révélation. Soubhanallah !

Encore une fois j’appelle ceux qui ont la responsabilité d’animer ces outils modernes de communication de craindre Dieu en propageant des choses utiles pour l’humanité au lieu de corrompre les mœurs. Sinon ils doivent savoir qu’ils risquent gros en terme de responsabilité devant Allah (Soubhanahou wa Ta’ala). Ceux qui attisent la fitna (turpitude), corrompent la jeunesse, font la promotion des antivaleurs, et propagent le mensonge, rendront sans doute compte le jour du jugement dernier.

Al Wassatiyah Niger : On se rend compte aujourd’hui qu’il y a trop de divorces. Pourquoi selon vous les mariages ne durent pas et quelles solutions pour l’harmonie et la tranquillité dans les couples ?

Cheikh Ahmad Tidjani Guruntum : S’agissant du constat selon lequel il y a trop de divorces aujourd’hui, je pense que l’une des raisons c’est parce qu’on se marie en ignorant les vrais fondements du mariage. Beaucoup de nos frères et sœurs se marient en ignorant ce que la sharia dispose en la matière. La deuxième cause de ces divorces, c’est également l’ignorance du vivre ensemble en couple. Les époux ignorent leurs droits et devoirs. La troisième cause du divorce c’est le fait de ne pas considérer le mariage comme une ibadat, un acte d’adoration, qui permet au mari comme à la femme d’avoir l’agrément d’Allah (Soubhanahou wa Ta’ala) en respectant les droits et les devoirs de son conjoint. Le prophète Mohamed (paix et salut sur lui) a dit à une femme que son mari est son paradis ou son enfer, selon sa façon de vivre le mariage avec lui.

Je voudrais ici demander à mes frères et sœurs de méditer la gravité du mariage lorsque le prophète nous avertit qu’il peut être la cause du paradis ou de l’enfer de la femme ou du mari. Pour qu’il y ait tranquillité et harmonie dans les couples je pense qu’il faudrait que les gens se marient en respectant les fondements du mariage ; il faudrait aussi chercher la connaissance du vivre ensemble ; et enfin il faudrait vivre le mariage comme une adoration qui pourrait conduire au paradis comme en enfer. Qu’Allah nous fasse comprendre !

Interview réalisée par Abou Soumaya

Al Wassatiyah Niger N°002-juin 2023

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