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La Finance Islamique expliquée …

 

La finance, qu’est-ce que c’est ? 

La finance islamique est un terme utilisé pour désigner l’ensemble des transactions économiques qui respectent la loi islamique, la Charia.

Rappelons que ce terme qui littéralement signifie « chemin à suivre », fait figure de référence juridique et éthique pour le musulman, et lui indique la ligne de conduite dans tous les domaines de la vie, y compris le domaine économique. C’est son « code de conduite » par excellence !

La finance islamique appartient donc à un concept plus large qu’on appelle l’économie islamique qui est une doctrine économique qui diffère des autres doctrines bien connues comme le capitalisme, le communisme et le socialisme par son propre système de valeurs. En effet, ces valeurs, tirées du Coran et de la Sounna du prophète Mouhammad, paix et salut sur lui, mettent en exergue des principes de justice, d’équité et de solidarité tout en condamnant des activités entrainant une injustice sociale ou des méfaits économiques.

De ce fait, en finance islamique, sans être exhaustif il est interdit de pratiquer l’usure, quelle que soit sa forme, de s’adonner à des pratiques spéculatives ou hasardeuses, de s’enrichir à travers des activités ou des actes interdits en islam, de manger illégalement les biens des autres, de tirer avantage de ce dont on ne supporte pas le risque de perte etc.

La finance islamique, d’où vient-elle ?  

La finance islamique tire ses sources de la charia, notamment à travers sa composante relationnelle, le Fiqh Al Mouamalat, et plus précisément la jurisprudence des transactions financières qui encadre ce domaine.

Rappelons qu’en plus du Coran et de la Sounna, qui constituent les sources principales de la Charia, les spécialistes du droit musulman se réfèrent à d’autres sources pour fonder leur opinion.

Il s’agit notamment de l’Ijma qui est défini comme étant le consensus entre les savants autour d’une question relative à des cas d’espèces après la mort du Prophète Mouhammad, paix et salut sur lui, et du Qiyas qui consiste à emprunter une loi pour un événement, déjà prononcée pour un autre vécu dans le passé, par similarité des causes.

Le Qiyâs est par conséquent fondé sur l’Ijtihâd qui signifie : « fournir un effort intellectuel d’interprétation, en l’absence de texte de référence, pour formuler un jugement ».

Enfin, il faut noter qu’il existe d’autres sources du droit musulman, propres à certaines écoles juridiques qui peuvent servir de référence juridique. Il en est par exemple de l’Istihsan chez les Malékites qui consiste à accorder une dérogation argumentée par rapport à la règle unanimement admise.

La finance islamique, depuis quand existe-t-elle ?  

L’origine de la finance islamique remonte au 7ème siècle avec la révélation coranique mais certains principes de base comme l’interdiction du prêt à intérêt (Riba) existaient bien avant dans les religions juive et chrétienne.

Toutefois, l’idée de créer des banques islamiques n’ayant pas recours à la pratique de l’intérêt date des années 1940 au Pakistan, vers la fin de la deuxième guerre mondiale en Iran et vers les années 1960 en Egypte. Dans la pratique, les premières institutions financières modernes ont commencé à voir le jour dans les années 1970 avec la création de la Banque Islamique de Développement (BID) en 1975 qui a posé les jalons d’un système d’entraide basé sur les principes islamiques entre les pays membres de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI).

Aujourd’hui, on dénombre plus de 1800 institutions financières dans le monde totalisant plus de 4500 milliards de dollars américains d’actifs avec un taux de progression annuel de 11/%.

En effet, depuis la crise financière qui a secoué le monde entre 2007 et 2008, montrant ainsi les limites du système capitaliste d’une part et la résilience des banques islamique d’autre part, la finance islamique ne cesse de susciter un intérêt croissant.

Ainsi, plusieurs institutions internationales comme le Fonds Monétaire International (FMI) ou la Banque Mondiale ainsi que des acteurs gouvernementaux se sont intéressés à la finance islamique et l’ont promue du fait de ses nombreux avantages socioéconomiques. En effet, des études ont démontré que celle-ci est un vecteur d’inclusion financière et un moyen de lutte contre la pauvreté dans les pays en voie de développement et un facteur de stabilité financière dans les pays développés du fait de ses principes intrinsèques.

La finance islamique, comment ça marche ? 

D’une façon générale, un système financier est un lieu où plusieurs acteurs interagissent pour effectuer des transactions selon des méthodes choisies mais obéissant à des règles bien précises. Il permet de régir le flux des fonds des agents économiques à capacité de financement vers ceux qui en ont besoin. Le système financier islamique n’échappe pas à cette règle.

Toutefois, sa particularité réside dans le fait que le fonctionnement de ces institutions se fait dans le respect des règles et principes de la loi islamique, la Charia. D’où la présence d’un dispositif spécifique de conformité et des acteurs qui garantissent le respect de ces règles.

En effet, les opérations bancaires islamiques se fondent sur le principe de la prise de risque comme une condition nécessaire pour la réalisation du profit. En outre, l’obligation que toute transaction financière soit adossée à un actif tangible rend la finance islamique au service de l’économie réelle et établit un lien intime entre la sphère réelle et la sphère financière et monétaire.

Par ailleurs, conformément au verset n°275 de la Sourate 2 et bien d’autres versets et hadiths, les institutions financières passent par des opérations commerciales ou d’investissement pour financer les besoins de leurs clients. Il s’agit donc de passer par des contrats de vente et de partenariat pour réaliser des gains au lieu de pratiquer le prêt à intérêt.

Sur le plan règlementaire, il existe des organismes internationaux comme l’Organisation de Comptabilité et d’Audit pour les Institutions Financières Islamiques ou le Conseil des Services Financiers Islamiques qui contribuent à mieux encadrer et à développer cette nouvelle industrie à travers l’émission de normes de conformité charaïque, d’éthique, de comptabilité, d’audit et de gouvernance.

Dans notre zone, s’agissant des banques et des institutions de microfinance, la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a publié des instructions en 2018 qui marquent le début d’institutionnalisation et d’opérationnalisation de la finance islamique. De ce fait, l’activité de finance islamique est fortement encadrée avec un accent particulier mis sur le respect des règles et principes islamiques. En effet, la conformité à la Charia est la raison d’être de toute institution financière islamique.

En somme …

Les avantages qu’offre le système de finance islamique pour un pays sont multiples et variés. En effet, l’économie islamique étant la science qui a pour objet l’affectation des biens en vue d’améliorer la qualité de vie, conformément aux principes et aux finalités de la Charia, les avantages de la finance islamique peuvent être répertoriés en trois (3) catégories :

  • Sur le plan religieux : Elle permet de se conformer à la volonté d’Allah et attire donc Sa bénédiction au lieu de Sa colère ;
  • Sur le plan social : Elle permet de lutter contre les inégalités sociales et encourage la solidarité entre les membres d’une communauté ;
  • Sur le plan économique : Elle contribue à la lutte contre la pauvreté à travers le développement du secteur privé, du secteur public et du secteur bénévole d’une part, et à la stabilité financière du fait de ses principes intrinsèques d’autre part.

La finalité suprême de la Charia étant de maximiser les avantages et de minimiser les inconvénients, une finance basée sur elle devrait contribuer à l’émergence d’une société humaine plus juste et épanouie.

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Par Ahmed Sidi IBRAHIM MAZOU, Conseiller en Conformité Charaïque à la Banque Islamique du Niger, Secrétaire Exécutif du Conseil d’Orientation de l’Association Nigérienne pour la Promotion de la Finance Islamique, Doctorant

 

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