Interview : Comment Cheikh Ali Bensalah fait bouger les lignes au COHO !

Cheikh Ben Salah Hamouda Ali est l’imam de la Mosquée Zoun’Nourayn à la Cité Chinoise de Niamey. Ancien Ministre des Affaires Religieuses, et ancien Directeur du collège franco-arabe (CEG5) de Niamey, Cheikh Ben Salah est surtout connu comme étant un grand prédicateur. Il est présentement Haut-commissaire au  Commissariat à l’Organisation du Hadj et de la Oumra (COHO) du Niger. Dans l’entretien qui suit, il répond à nos questions sur les préparatifs du hadj et l’état des lieux de l’organisation de l’édition 2024.

Al Wassatityah : As-salamu alaykum wa rahmatoullâhi, wa barakâtouh, Monsieur le Commissaire. Votre nomination à la tête du Commissariat à l’Organisation du Hadj et de la Oumra (COHO) a été accueillie avec empressement par la communauté musulmane. Après quelques mois de prise de fonction, peut-on avoir une idée de l’état des lieux des préparatifs du Hadj 1445/2024 ?

Cheikh Ali Ben Salah : Wa alaykumus-salam, wa rahmatoullahi wa barakâtouh.

Que la louange, toutes les louanges soient rendues à Allah, Clément Miséricordieux, Plein de majesté et de munificence.

Que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur notre prophète Mouhammad, sur sa famille et ses compagnons.

Que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur Noé, sur Abraham, sur Moise, sur Jésus et sur tous les prophètes et messagers qui se sont succédés à travers les âges.

Que la paix, les bénédictions, la grâce et la miséricorde d’Allah soient sur ceux qui auront à lire ces lignes et qu’elles soient sur le Niger, ses dirigeants et son peuple tout en se répandant sur toute la Oumma et sur l’univers tout entier et l’humanité toute entière.

Louanges à Allah en toutes circonstances !

Les louanges sont à Allah qui a fait de l’accomplissement du pèlerinage le 5^ème pilier de l’Islam en qualifiant ceux qui s’y engagent de ses hôtes (douyoufour Rahmâne).

Les louanges sont à Allah qui nous a placé à ce poste pour conduire l’organisation du Hadj à la tête du COHO.

Nous avons conscience en ce que notre nomination à ce poste a provoqué une quasi-unanimité de la part de nos frères et sœurs du Niger. Nous avons également conscience en ce que les attentes sont nombreuses, les défis sont énormes…

Qu’Allah fasse que nous soyons digne de la confiance en nous placée, et à la hauteur des tâches et des missions qui nous attendent !

Nous souhaiterions d’entrée de jeu faire une mention spéciale aux plus hautes autorités de notre pays qui nous ont fait confiance, qui n’ont jamais cessé de nous accompagner et qui, lors du dernier Conseil de ministres, ont pris en charge des préoccupations de la plus haute importance en ramenant le seuil de convoyage des pèlerins de mille à quatre cents et la caution de deux cent millions de francs CFA à vingt-cinq mille francs par pèlerin.

Nos remerciements au journal Al Wassatiyyah qui nous a fait l’honneur d’être en page de garde de son tout premier numéro il y a environ une année, et qui nous repasse aujourd’hui la parole pour éclairer la communauté musulmane de notre pays sur l’avancée des préparatifs du Hadj pour l’édition en cours.

Pour revenir enfin à la question posée, celle, justement, de savoir à quel niveau de préparation sommes-nous pour le Hadj 1445/2024, nous estimons, par la grâce d’Allah, que les choses évoluent normalement.

Il faut cependant signaler que le calendrier fixé par les autorités saoudiennes chargées de l’organisation du Hadj de cette année est un calendrier spécial, car, pour la première fois de l’histoire, un chronogramme strict a été dévoilé dès la fin de l’édition du Hadj passé, chronogramme qui va du 04 Novembre 2023 au 25 Février 2024, délai de rigueur pour finaliser toutes les inscriptions de pèlerins à travers le monde et acter tous les contrats intervenant dans l’organisation du Hadj.

C’est ainsi que, pour la première fois dans l’histoire, toutes les opérations entrant dans le cadre des préparatifs de l’organisation du Hadj doivent être bouclées avant le début du mois béni de Ramadan. Quand nous savons que chez nous au Niger, dans certaines contrées, pour des raisons socio-culturelles, il est impensable de songer au Hadj avant d’avoir fini le jeune du mois béni de Ramadan, vous conviendrez avec moi que, tenir tous les engagements dans le délai imparti relève du miracle. Que les louanges soient rendues à Allah Qui rend possible tous les impossibles !

Il faut également prendre en compte des contraintes financières car pour beaucoup, il va falloir attendre de vendre son bétail, d’écouler ses récoltes de mil, de haricot, de souchet avant de prétendre s’engager dans ce voyage de toute une vie. A la lumière de tout ce qui précède, vous conviendrez avec moi qu’il est véritablement difficile de pourvoir au quota de 15 891 pèlerins alloué au Niger cette année.

Comment ne pas prendre en compte dans cette panoplie de contraintes, le fait que notre pays a été mis sous embargo et nous saluons d’ailleurs au passage cette prodigieuse capacité de résilience de nos compatriotes.

Nous tirons notre révérence devant la prouesse, mais surtout le sacrifice des chefs d’agence de pèlerinage qui ont su, pour certains d’entre eux, accepter de préfinancer sur fonds propres afin de réserver des places pour leurs clients, qu’Allah leur donne la plénitude de la récompense !

Comment ne pas citer, en restant dans le registre des hommages, ces hommes et ces femmes qui travaillent au COHO, et qui, au-delà des heures régulières, s’échinent à accueillir, à orienter et à prendre en charge des préoccupations de toutes sortes, faisant parfois fi de leurs obligations familiales et parentales. Toujours, pour l’honneur du Niger et pour le bonheur de ses enfants. Qu’Allah leur réserve le meilleur dans les deux mondes !

Pour revenir à l’état des lieux quant aux préparatifs du Hadj, il est à signaler, et c’est un rappel, que le Massar électronique (système informatique chargé de réguler toutes les opérations du Hadj) a été fermé pour tous les pays du monde le 25 Février passé.

Pour les pays plus ou moins en retard, et c’est le cas de notre pays, il nous a été demandé d’adresser une requête de rallonge au Ministère Saoudien du Hadj. Ce qui a été fait et nous avons eu l’occasion de continuer à enregistrer un nombre non moins négligeable de pèlerins.

A la date où nous vous parlons, et sauf miracle de dernière minute, les effectifs définitifs enregistrés en vols réguliers sont de trois mille huit cent quatre-vingt-onze (3.891) pèlerins, et de 6065 pèlerins en vols charter.

Al Wassatiyah : On le sait, le transport constitue la pomme de discorde dans l’organisation du Hadj au Niger. Que fait le COHO, sous votre impulsion, pour faire bouger les lignes ?

Cheikh Ali Ben Salah : Il est clair que si Allah (swt), dans Sa sagesse infinie, n’a pas institué le Hadj comme cinquième pilier de l’Islam, nous ne serions pas là à parler du plus grand rassemblement humain sur la surface de la terre.

Qui dit pèlerinage, dit pèlerin, le pèlerin doit rester au cœur des préoccupations de toutes les actions pour une bonne organisation de ce grand rendez-vous de Arafat.

Cela va sans dire, mais c’est encore mieux en le disant, que le convoyage des pèlerins par voie aérienne, en ce qui concerne le Niger, constitue l’un des facteurs essentiels pour la réussite de l’organisation du Hadj.

Permettez-moi, à ce niveau de rendre un hommage mérité à la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) et à tous ceux qui travaillent sans oublier leurs collègues de la DGPN pour le travail – ô combien remarquable – abattu dans la délivrance dans un temps record de ces précieux documents de voyage car l’homme le plus riche du monde ne saurait se rendre en pèlerinage sans ce précieux sésame qu’est le passeport.

Nous estimons, pour notre part, que le fait que le transport des pèlerins n’est plus l’apanage d’une seule compagnie susceptible d’abuser d’une situation de monopole est, en soi déjà, une avancée très significative. La bataille a été rude et elle a porté ses fruits.

Qu’Allah donne la plénitude de la récompense à ceux qui ont contribué pour que cela soit une réalité !

Pour cette année, un avis d’appels d’offres avait été lancé et une demie douzaine de compagnies ont soumissionné, trois ont été retenues notamment Ethiopian Airlines, Niger Airlines avec son partenaire Saoudien Manassik, et enfin Turkish Airlines.

Trois compagnies bien connues et bien quottées mais qui pour la première et la troisième vont jeter l’éponge estimant que l’affaire ne serait pas rentable au prix proposé par le moins disant (1. 189. 000 francs CFA) avec le contournement du Soudan pour cause de guerre, et les fluctuations du dollar pouvant impacter sur le prix du Kérozène. C’est alors que Max Air, qui n’avait pas été retenu va se retrouver dans la course profitant de sa place de bon quatrième et se retrouver avec Niger Airlines comme les deux seules compagnies désignées à transporter les pèlerins du Niger sur les lieux saints de l’Islam.

Il est à préciser cependant qu’une visite technique des experts nigériens de l’ANAC, que nous tenons à saluer au passage pour leur accompagnement, va déterminer en dernier ressort si ces compagnies valent dans les airs comme sur le sol ce qu’elles prétendent être.

Al Wassatiyah : La limitation des vols réguliers pour les agences et la non-libéralisation du processus du transport des pèlerins sont, entre autres griefs des acteurs. Le COHO a-t-il pris des mesures dans ce secteur pour rassurer les Nigériens ?

Cheikh Ali Ben Salah : Nous souhaiterions, en répondant à cette question, rendre hommage à la vérité en rappelant humblement que dans toute l’histoire de l’organisation du Hadj au Niger, jamais un quota aussi important n’a été attribué aux vols réguliers, soient 3.691pèlerins.

Savez-vous pourquoi certaines personnes préfèrent les vols réguliers ?

La raison est simple : c’est parce que les calendriers des vols charters sont hypothétiques et il arrive que des fonctionnaires perdent leur boulot ou que des pèlerins se retrouvent sans ressources à cause d’un vol retour qui a accusé un retard important.

Nous sommes en train de placer des garde-fous pour obliger les compagnies de convoyage de pèlerins en vols charter à ramener nos compatriotes en terre nigérienne dans un délai maximum d’un mois, inchaAllah. Ce qui, à l’avenir, peut encourager la quasi-totalité des pèlerins à opter pour les vols charter car les vols réguliers et ses multiples escales constituent un casse-tête pour ceux qui n’ont pas l’habitude des voyages longue distance.

Rien de tel que de prendre un vol à Niamey à 5h du matin et de prier le même jour la prière de maghrib à la mosquée de notre bien-aimé Mouhammad (saw) à Médine, plutôt que de se retrouver 48 heures après notre départ de Niamey coincé quelque part dans un aéroport à Dubaï, à Istanbul, à Addis, à Tunis, et où sais-je encore !

Nous estimons, pour notre part, que nous n’avons pas, surtout pour un premier Hadj, à vouloir revenir au pays en une semaine comme pour relever un défi, celui du séjour le plus court lors d’un pèlerinage, qui plus est, quand nous savons qu’un jour de prières obligatoires à la mosquée Al-Haram (de la Mecque) équivaut aux cinq prières quotidiennes effectuées ici chez nous au Niger pendant deux cent soixante-dix-sept ans, neuf mois et dix jours. Et ce n’est pas tout, mais le reste peut se passer de tout commentaire !

Al Wassatiyah : Certains chefs d’agence dénoncent, des années durant, une sorte de deux poids, deux mesures dans l’ordre de départ et de retour des pèlerins. Que fait le COHO pour garantir l’équité et l’égalité des agences dans l’organisation du Hadj et de la Oumra ?

Cheikh Ali Ben Salah :  Pour ce qui est de l’ordre de départ et de retour des pèlerins, il ne devrait, en principe pas avoir de problème pour peu que l’on s’en tienne au niveau de tous les acteurs, sans exception, aux règles établies.

Pour ce qui est de l’ordre de passage et d’embarquement par groupes, il peut s’agir, d’un tirage au sort si toutes les parties conviennent que c’est ce qu’il y a de mieux à faire, tout comme il peut s’agir de programmer par ordre de paiement selon le principe que le premier arrivé est le premier servi.

Dans ces conditions, il ne devrait pas avoir de problème sauf quand on veut délibérément les provoquer faisant fi de ce conseil de notre bien-aimé lorsqu’il annonce que les musulmans doivent s’en tenir aux conditions qu’ils se sont eux-mêmes fixées, et aux engagements qu’ils ont librement pris, et qui plus est dans une activité telle que le Hadj, 5^ème pilier de l’Islam.

Pour les vols retour, l’ordre de passage est le même qu’à l’aller.

Il arrive, cependant, que de façon isolée et personnelle, au niveau des agences, comme au niveau du COHO, que l’on se permette de remplacer un pèlerin par un autre, ce qui a pour conséquence de provoquer des perturbations dans certains vols surtout quand ces opérations sont opérées à grande échelle.

Nous reconnaissons qu’au niveau du COHO, d’un commun accord avec les chefs de groupe, il nous arrive de faire embarquer, dans les trois premiers vols retour, des malades, des personnes en détresse psychologique comme celles ayant perdu un être qui leur est cher etc…

Il est aussi possible que certains pèlerins s’entendent au niveau des agences pour procéder à des permutations car si certains sont pressés de rentrer, le temporel ayant déjà repris ses droits, il arrive que d’autres négocient pour être dans le dernier vol.

A ce niveau, nous attirons l’attention des fonctionnaires en fin de congés qu’ils ne sont pas concernés par ces dispositions spéciales car il n’est pas concevable de décaler notre frère ou notre sœur, presque à bout de ressources, pour le remplacer par un fonctionnaire dont le but ultime est peut-être de rattraper, dès son retour au pays, une mission juteuse qui risque de lui échapper.

Chers frères et sœurs fonctionnaires, prenez vos congés de façon conséquente et nous nous engageons inchaAllah et par Sa grâce, de vous ramener au pays dans un délai n’excédant pas un mois. Accompagnez-nous par vos prières afin qu’il en soit ainsi !

Al Wassatiyah : Le transport et l’hébergement des pèlerins en terre sainte est un autre défi pour les agences et le COHO. Comment entendez-vous responsabiliser les acteurs pour offrir des conditions acceptables aux pèlerins Nigériens ?

Cheikh Ali Ben Salah : Pour ce qui est de l’hébergement des pèlerins sur les terres saintes, un cahier de charges définissant clairement les conditions d’hébergement et les critères à mettre en avant pour choisir les hôtels est disponible. L’Etat du Niger, à travers le COHO, insiste sur la proximité des lieux d’hébergement à choisir avec les deux saintes mosquées de la Mecque et de Médine, comme il est de la responsabilité du COHO de veiller à la qualité du service, au nombre de personnes par chambre et à la disponibilité de toutes les autres commodités en termes d’équipement pouvant se retrouver dans un établissement hôtelier digne de ce nom.

Rappelez-vous que pour aucun autre voyage à travers la terre, Allah (swt) n’a qualifié ceux qui s’y engagent comme étant Ses hôtes, exception faite du Hadj. Sachons être dignes de la confiance en nous placée par le Maître de l’univers qui nous a offert le bonheur, l’honneur et le privilège de nous occuper de Ses invités. La devise de ceux qui sont au service du Hadj est « Honneur, Amâna, Responsabilité ».

Les chefs de groupe sont chargés, en toute responsabilité et en toute liberté, de choisir les lieux d’hébergement, le COHO, quant à lui, se charge sur le terrain de vérifier la conformité de leur choix avec les critères définis en la matière avant de valider l’hôtel ainsi choisi.

Il arrive aussi, notamment à la Mecque, d’opérer des visites inopinées dans ces lieux d’hébergement pour vérifier qu’il y a une parfaite identité entre ce qui a été annoncé lors de la visite de validation et l’existant sur le terrain en présence des pèlerins. Une fiche de notes est disponible pour féliciter ou sanctionner, selon les cas, les groupes d’agence.

Al Wassatiyah : Il est observé un déficit de formation et de sensibilisation des candidats au Hadj. Que faire pour préparer les pèlerins à réussir ce voyage important de leur vie ?

Cheikh Ali Ben Salah : La sensibilisation et la formation doivent constituer l’épine dorsale de la réussite du Hadj, tant dans son organisation que dans son accomplissement. Allah (swt) interpelle le fils d’Adam en lui demandant comment pourrait-il véritablement L’adorer s’il ne Le connait pas.

Un département chargé de la question a été mis sur place dès les premiers mois de l’installation du COHO avec le patriarche El Hadj Bello Garba que nous saluons au passage qui a beaucoup fait pour que l’institution soit ce qu’elle est aujourd’hui.

En restant avec les Commissaires qui m’ont précédé à ce poste, nous avons une pensée dans la prière pour Monsieur Djibrilla Boukary qui n’est plus de ce monde – qu’Allah lui accorde un havre de paix et de bien-être dans les jardins ombragés de Son paradis Al Firdaws !

Nous ne saurions oublier celui que nous avons directement remplacé à ce poste, le Commissaire Kaigama qui a réalisé beaucoup de belles choses, et a entamé de grands chantiers que nous souhaiterions voir achever, inchaAllah.

A côté des commissaires, nous n’aurions pas été justes en passant sous silence le travail – ô combien remarquable ! – abattu par les secrétaires généraux qui se sont succédés à ce poste : Nouhou Sallaou, le tout premier, Abba Adji qui n’est plus de ce monde et Zakari Idrissa.

Nous avons eu, en ce qui nous concerne, l’occasion de travailler avec toutes ces personnes. Qu’Allah leur réserve le meilleur dans les deux mondes !

Un hommage bien mérité doit être rendu à toutes ces personnes, hommes et femmes, qui ont travaillé et qui, pour certains continuent à travailler au COHO et qui font preuve de disponibilité, de don de soi, d’abnégation et de professionnalisme.

Qu’Allah fasse que tous ces efforts déployés, ici et là, soient à Lui sincères et qu’ils comptent dans notre balance de bonnes œuvres au Jour de la Résurrection !

Pour revenir à la formation, nous souhaiterions signaler, même si ce n’est pas une excuse, que nos compatriotes ne sont pas les moins dotés. Pour preuve : une sœur m’a rapporté qu’une compatriote d’un âge avancé a voulu, après avoir lapidé la grande stèle de Satan le jour de la fête, lapider la Kaaba honorée en lui demandant si, ici également, c’est de 7 pierres qu’on a besoin pour procéder à la lapidation. C’est inimaginable ! Comparez cependant à ce qui m’a été rapporté concernant une pèlerine d’une autre nationalité : un ami d’un pays arabe dont je préfère taire le nom m’a rapporté que l’une des pèlerines dont il a l’encadrement en charge s’est mise à pleurer à la vue de la Kaaba. Il avait d’abord mis cela sous le coup de l’émotion et rangé sur les rayons de la ferveur religieuse, mais comme la femme ne pouvait même plus tenir sur pied, il lui a demandé si tout va bien, elle a simplement répondu : « Mouhammad est enterré à Médine dans sa mosquée, et c’est là, dans cette kaaba, que repose le Maitre de l’univers » Yâ Soubhânallah !!!

Cela peut se passer de tout commentaire.

L’encadrement constitue la charpente maitresse de la réussite du Hadj du point de vue de son exécution. Raison pour laquelle, il est fait obligation aux agences de prévoir un encadreur (dont le billet est gratuitement pris en charge par l’avionneur) pour chaque groupe de 50 pèlerins.

Des tests sont prévus par le COHO pour jauger la capacité des encadreurs à accomplir leur mission dans les règles de l’art.

Autant, la formation prend en compte l’enseignement de tous les rites du Hadj et de la Oumra quant aux piliers, obligations et interdictions, aux erreurs pouvant survenir et comment les rattraper ; autant la sensibilisation met l’accent sur le bon comportement à observer en tant qu’ambassadeurs de la Oumma à ce grand rendez-vous annuel de la miséricorde et du pardon d’Allah sur Ses terres sacrées.

Chers frères et sœurs en Islam, le Hadj est une ibâda, et le voyage pour la circonstance où on quitte femmes, enfants et lieu de résidence n’est, ni un voyage touristique, ni un voyage commercial, ni une croisière de vacances, mais le voyage de toute une vie pendant lequel il est question de chercher à s’élever vers le Sublime, rechercher Son agrément, parachever les piliers de l’Islam en s’acquittant du dernier qui est à l’affiche en vue de rentrer à notre lieu de provenance, avec un Hadj mabrour, sans aucun péché à notre compte.

Serviteurs du Très Miséricordieux, chers frères et sœurs en Islam, au nombre des dispositions à prendre, sur le chapitre de la sensibilisation, avant de s’engager dans ce voyage, pas comme les autres, figure en bonne place le chapitre concernant la santé et l’alimentation.

Pour ce qui est du volet santé, n’oublions jamais de nous faire faire les vaccinations obligatoires et celles souhaitables retenues par les autorités saoudiennes et toutes autres dispositions médicales imposées par le Royaume pour la circonstance.

Les visites médicales avant le départ, pour ceux qui le veulent et qui le peuvent sont vivement recommandées.

A ce niveau, nous avons un appel à lancer à nos sœurs, candidates au Hadj, afin qu’elles évitent, en contournant les guichets de contrôle, de s’embarquer dans ce voyage, pas comme les autres, avec une grossesse presque à terme, mettant par la même occasion, leur vie et celle de leur futur bébé en danger.

Ne nous engageons pas dans ce voyage où nous allons nous réconcilier avec notre Seigneur en posant un acte qui s’apparente à la tricherie alors que le messager d’Allah (saw) a prévenu que : « Celui qui triche n’est pas des nôtres. »

En restant sur le registre de la santé, nous pouvons ouvrir celui de sa sœur jumelle, l’hygiène.

Nous sommes les ambassadeurs de la Oumma à partir de notre pays le Niger, sachons donner le bon exemple au Niger comme à l’extérieur, sachons préserver notre hygiène personnelle et la propreté de nos lieux d’hébergement, aussi bien à l’hôtel que sur les aires sacrées de Mina et de Arafate.

Il arrive de constater, et nous aurions souhaité avoir tort, que les sites d’hébergement des pèlerins Nigériens sont les plus insalubres, en tout cas à Mina ; ne nous voilons pas la face, si nos sites sont sales, c’est que, nous qui les occupons, le sommes aussi. Sachons prendre nos responsabilités pour faire évoluer les choses de ce qu’elles étaient les années antérieures vers ce qu’il y a de meilleur pour l’édition du Hadj en cours par la grâce d’Allah.

Chaque pays a ses lois, et en tant qu’ambassadeurs de la Oumma à partir du Niger pour ce grand rendez-vous de la miséricorde divine à Arafat, le jour d’Arafat, nous devrons donner le modèle du musulman et du citoyen exemplaire à la maison comme à l’étranger.

Quand une indélicatesse ou une infraction est commise dans un aéroport étranger, ce n’est pas seulement votre photo qui s’affiche sur les écrans, mais c’est aussi et surtout le drapeau de votre pays de provenance qui apparait, rendant ainsi suspects tous vos compatriotes qui seraient amenés à passer par là. Notre responsabilité est grande pour ce monde et dans l’autre.

Evitons de transporter ou de garder sur nous tous les produits interdits d’entrée en Arabie Saoudite.

La kola, pour des raisons qui concernent le Royaume, en fait partie à partir d’une certaine quantité.  Son introduction dans le Royaume n’est pas complètement interdite, mais réglementée. Une centaine de noix environ, pour notre consommation personnelle, est permise.

Les produits aphrodisiaques, les drogues, sous toutes leurs formes, certains produits cosmétiques, les mixtures et philtres de toutes sortes figurent en bonne place sur les rayons des interdictions.

Apprenez pour votre information que, selon les quantités transportées, certains produits peuvent nous valoir la peine de mort.

Ne gardez pas vos coupe-ongles, ciseaux et parfums dans vos sacs à mains mais placez-les plutôt dans vos bagages à embarquer en soute.

Pour les produits pharmaceutiques conventionnels que vous voulez avoir sur vous, faites-les accompagner par une ordonnance, et évitez systématiquement toute automédication.

Des dispositions réglementaires sont prises par vos pays de provenance – c’est le cas du Niger – pour mettre une équipe médicale qualifiée à votre service.

Contrôlez ce que vous buvez et ce que vous mangez car les habitudes alimentaires ont la vie dure, elles ne supportent pas d’être brusquement brisées, et les longues files d’attente devant les toilettes sont difficilement supportables.

Gardez toujours vos affaires précieuses sur vous, et surtout votre argent ; la Mecque et Médine sont certes protégées du Dajjâl de la fin des temps, mais il faut soustraire ses biens aux petits dajjâls des temps modernes.

Faites extrêmement attention à vos documents de voyage jusqu’à ce que vous les remettiez aux autorités saoudiennes chargées de la question à l’aéroport de Djeddah ou de Médine. Cela vous éviterait beaucoup de désagréments et ferais gagner beaucoup de temps à vos encadreurs, à vos chefs d’agence, mais également à tous vos compagnons de voyage.

Voyagez léger à l’aller comme au retour en ayant, surtout au retour, un œil vigilant sur la franchise bagage.

Ne vous encombrez pas de marchandises et de produits que vous pouvez trouver, et à un prix parfois moindre, dans votre pays de provenance.

Ne soyez pas dérangés par les multiples cadeaux que vous comptez nécessairement offrir aux autres à votre retour au pays, et contentez-les, plus efficacement encore, en les gardant dans vos cœurs et dans vos prières pendant tous les rites du Hadj.

L’Islam ne vous interdit, ni de vendre, ni d’acheter pendant le Hadj. Un verset a été révélé en l’occurrence faisant taire ceux qui soutenaient le contraire : Il n’est pas interdit, pendant le pèlerinage, de rechercher quelques faveurs de votre Seigneur (par la pratique du négoce)} Chap. II, verset 198.

Mais, comme vous ne voyagez pas dans votre jet privé, vous devrez vous soumettre aux exigences fixées par les compagnies chargées de vous convoyer, et éviter ainsi de vous livrer en spectacle au Terminal Hadj de Djeddah au moment des vols-retour en voulant coûte que coûte échapper à la vigilance des contrôleurs aéroportuaires et faire passer quelques kilos supplémentaires.

S’en tenir strictement aux consignes permettrait aussi d’éviter ces longues files d’attente, des heures durant, pour les formalités du retour, pendant que ceux qui voyagent réglementairement et qui ont commencé les opérations d’enregistrement en même temps que vous, parfois avec les mêmes prestataires, ont déjà atterri chez eux et retrouvé les leurs.

Comme l’Islam ne vous interdit pas d’acheter, achetez alors autant que vous voulez et autant que vous pouvez mais prenez soin de confier vos bagages aux organisateurs de fret-cargo par mer ou dans les airs.

Ne perdez cependant jamais de vue ce pourquoi vous vous êtes engagés dans ce voyage : répondre à un commandement d’Allah en parachevant les piliers de l’Islam dans le but ultime de vous élever vers le Sublime et obtenir Son agrément tout en vous déchargeant de tous vos péchés.

Aux pèlerins du Niger, aux pèlerins accourus des quatre coins du monde pour répondre à l’appel du prophète Ibrahim(as), nous leur souhaitons humblement Hadj mabrour, inchaAllah !!

Nous ne saurions terminer cette interview sans témoigner notre sincère gratitude aux plus hautes autorités de notre pays, à Son Excellence le Président du CNSP et à Son Excellence Monsieur le Premier Ministre, ainsi qu’à tout le gouvernement, qui nous ont fait confiance, qui ont inscrit la bonne organisation du Hadj sur le registre des priorités des priorités, et qui ne cessent de nous accompagner.

« Lorsque nous buvons l’eau d’un puits, n’oublions pas de prier pour ceux qui l’ont creusé. »

Nos sincères remerciements et toute notre gratitude vont de façon spécifique au Ministère de l’Intérieur, au Ministère des Affaires Etrangères et des Nigériens à l’étranger, au Ministère de l’Economie et des Finances, au Ministère du Commerce, au Ministère du Transport, au Ministère de la Santé.

Toute notre reconnaissance va également à l’Ambassade du Royaume de l’Arabie Saoudite au Niger, à nos représentations diplomatiques à Riyad et à Djeddah, ainsi qu’à tous ceux qui ont contribué et qui continuent à faire de l’organisation du Hadj une totale réussite dans notre pays, et qu’Allah leur réserve le meilleur dans les deux mondes !

Très bon Ramadan inchaAllah, dans l’amour et la crainte d’Allah !!

Que vos prières nous accompagnent !!!!

Réalisée par Abou Soumaya