Spiritualité : 24 heures en Ramadan

Le jeûne (as-siyam) est l’abstention observée par le croyant de manger, de boire, d’avoir des rapports sexuels de l’aube au coucher du soleil, recherchant l’agrément d’Allah. Ce renoncement est un comportement, une rigueur sur soi-même, une éthique, une moisson de bénédictions à préserver par un savoir-être avec Dieu et avec les hommes.

Le jeûneur aspire aux plus grandes récompenses par des valeurs et des adorations, et à construire une piété scrupuleuse pour un mode de vie vertueuse le reste de l’année. Quelques jours de jeûne, une personnalité nouvelle. Ramadan est le mois pour « se réorganiser, de porter sur sa propre personne un regard critique à même d’en déceler les tares et les faiblesses et, du coup, de tracer des stratégies à court et à long termes pour venir à bout de ces imperfections dégradantes ».

« Ô les croyants ! On vous a prescrit as-Siyam comme on l’a prescrit à ceux d’avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété » (sourate 2, verset 183). Le Prophète (paix et salut sur lui) renchérit en définissant l’éthique du jeûneur pendant ses 24 heures quand il dit : « Lorsque l’un d’entre vous jeûne, qu’il ne se comporte pas avec grossièreté et qu’il ne vocifère pas ; et si quelqu’un l’insulte ou l’agresse, qu’il dise : ‘’Je jeûne, je jeûne !’’ » (Hadith rapporté par Boukhari et Mouslim). Jeûner c’est donc échapper à la frivolité et à la polémique ; c’est construire la plus haute moralité. On dit que lorsqu’Abou Hourayra (qu’Allah soit satisfait de lui) et ses compagnons jeûnaient, ils ne quittaient pas la mosquée et disaient : « Nous purifions notre jeûne. » (Hadith rapporté par Ahmad et Abou Nouaïm).

Chaque jour de Ramadan, le jeûneur se lève avant l’aube pour le souhour, le repas béni pour entamer sa journée ; il se prépare ensuite pour la prière du matin (soubh) parmi les serviteurs élus d’Allah. Quiconque prie la salat du matin à son heure est certes gratifié d’un énorme succès.

Le jour, vaquer normalement à ses activités vitales, avec une conscience aspirant à la satisfaction divine

Durant le temps qui sépare le fidèle de la rupture (iftar) du jeûne, il vaque normalement à ses activités vitales, avec une conscience aspirant à la satisfaction divine. Il mentionne fréquemment Allah, lisant le Coran, invoquant pour le meilleur en ce monde et dans l’au-delà, partageant de son cœur, de son temps et de ses biens jusqu’à rayonner autour de lui-même. Il s’applique dans ses 5 prières quotidiennes s’exilant du tourbillon de la vie vers la présence divine, ponctuellement, assidûment.

Dès que le soleil disparaît à l’horizon deux joies illuminent son visage du jeûneur : l’iftar et la réussite d’avoir mené à terme une belle et fructueuse journée. Il est recommandé de hâter le goûter de rupture, de ne pas attendre l’obscurité pour manger et boire afin de reprendre plus de force et de volonté de se rapprocher d’Allah. Les mets succulents ne retardent jamais le croyant de la prière de maghrib, il s’y dépêche et s’y apaise. Ce moment est aussi une occasion de partage, d’impact social en famille, avec les voisins et les passants.

Nous sommes au soir et la Royauté appartient à Allah. Louange à Allah. Il n’y a pas de divinité digne d’adoration en dehors de Lui, l’Unique sans associé. A Lui la Royauté et la Louange. Il est puissant sur toute chose. Seigneur, je Te demande le bien de cette nuit et le bien qui vient après elle, et je me refugie auprès de Toi contre le mal de cette nuit et le mal qui vient après elle. Seigneur, je me refugie auprès de Toi contre la paresse et les maux de la vieillesse, Seigneur je me refugie auprès de Toi contre le châtiment du feu et le châtiment de la tombe. Amîne.

Nuits douces d’adorations, de prières, de méditation, de proximité avec Allah

La nuit sera douce d’adorations, de prières, de méditation, de proximité avec Allah. Selon le Prophète (paix et salut sur lui), « une fois écoulée la moitié ou – les deux tiers – de la nuit, Allah le Très- Haut descend au dernier ciel et dit : ”Qui M’invoque, que Je puisse exaucer ses prières ? Qui me demande quelque chose, que Je puisse le lui accorder ? Qui implore Mon pardon, que Je le lui accorde ? » Et ce jusqu’ à l’instant où pointe l’aube ». (Hadith rapporté par Mouslim).

Nous devons être réguliers dans les tarawih (nafila du ramadan au moment de ‘icha’) chaque nuit du Ramadan sans en rater aucune. Quant à la dernière décade, elle sera animée de qiyamoulayli, la prière au cœur de la nuit, la parure des pieux.

Le jeûneur clôture donc sa journée avec la prière comme il l’a démarrée. Il se couche avec les bienséances et les invocations du sommeil, « prenant garde à l’au-delà et espérant la miséricorde de son Seigneur ».

Qu’Allah facilite davantage votre jeûne et l’agrée.

Abu Muhammad

Al Wassatiyah Niger N°00 du jeudi 30 mars 2023