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Éditorial : La femme en Islam : l’égalité dans l’altérité
Les mouvements féministes, à travers le monde, revendiquent une égalité absolue entre l’homme et la femme. Ils cherchent à effacer toutes les différences (y compris physiologiques) qui existent entre les deux sexes. Leurs revendications relèvent, dans certains cas, d’une vue de l’esprit. L’Islam, en tant que système global et complet, se veut réaliste. Aussi, il ne fait aucun doute que la législation Islamique n’accorde pas une telle égalité absolue à l’homme et à la femme, qui sont plutôt dans une perspective de complémentarité et non de compétition. L’homme selon le coran est le vêtement de la femme et vice versa. L’islam n’envisage qu’amour, compassion et protection entre l’homme et la femme. Cependant, nous entendons, ici et là, des voix et des écrits qui s’efforcent de caricaturer la vision Islamique de la femme. A cet effet, ils exposent des idées dont le dessein consiste à vouloir appliquer systématiquement à nos sociétés le mode de vie de la femme occidentale. A la vérité, il n’existe, ni en Islam, ni ailleurs, une égalité absolue entre l’homme et la femme. Tout comme il n’en existe d’échelle de valeur entre ces deux composantes de la société humaine puisque chacun a son rôle naturel qu’il est seul à pouvoir jouer pleinement. Certes, des lois sont formulées dans ce sens mais, souvent, elles demeurent à l’état théorique et ne voient donc pas leur concrétisation pratique. Ce ne sont donc que des vœux pieux, sans lien réel avec le vécu, aussi bien dans les villes que dans les campagnes. Voici la vision que les féministes ont de la femme en Islam : « la femme est esclave et asservie par l’homme, n’a pas le droit de sortir, n’est utile qu’à s’occuper des enfants et de la tenue de la maison, n’a pas le droit de travailler, n’a pas le droit d’étudier ; bref elle est réduite à rien et est exclue de toute vie sociale. » Vous conviendrez, chers lecteurs, que si cela s’était avéré exact, la famille musulmane ne serait rien d’autre qu’une prison pour la femme. Car soyons logiques, qui aurait envie de choisir une telle vie à savoir enfermée, esclave d’un mari despote, dévalorisée, ignorée, coupée totalement du monde ? Qui aurait envie de rentrer dans une religion qui réduirait un être humain à une inexistence totale ? Et pourtant, au delà de ce que les féministes veulent faire croire, au delà de ces mots tels qu’intégrisme, fondamentalisme, Islamisme, tchador et bien d’autres qualificatifs encore, il semble nécessaire de s’interroger : qui est réellement la femme musulmane ? Dans ce sens, Tahar Gaïd, un penseur musulman a écrit : « …la meilleure voie à suivre est celle établie par le Créateur de l’homme et de la femme. Il connaît parfaitement ses créatures. Il sait ce qui leur est utile et ce qui leur est nuisible ». Et l’histoire des sociétés humaines n’a fait que confirmer l’idée que seule la législation divine a pu libérer de manière effective la femme de l’instrumentalisation dans laquelle elle est plongée à travers l’histoire (cf. Le statut de la femme de l’antiquité à nos jours p5). Pour juste illustrer notre propos lisons un peu, de manière brute, quelques résultats d’enquête sur la situation de la femme en France et en Europe : « Au moins 2.000.000 de femmes sont victimes de violence conjugale en France, 400 meurent sous les coups de leur conjoint chaque année, soit plus d’une femme par jour … (Droit de Savoir, mars 99, TF1). Sur 652 femmes victimes d’homicides entre 1990 et 1999, sur Paris et sa proche banlieue, la moitié a été tuée par leur mari ou leur compagnon. Un chiffre terrifiant, révélé par un rapport sur les violences conjugales. “En France, une femme meurt de violences conjugales tous les cinq jours”, explique le professeur Roger Henrion, membre de l’Académie nationale de médecine et responsable de cette étude pour le ministère de la Santé. 1000 personnes interrogées par Etat membre de l’Union Européenne + données objectives : 1 femme sur 5 a été victime de la violence de son compagnon au moins une fois dans sa vie. 25% des crimes concernent un homme ayant agressé sa femme ou partenaire. Seulement 4 % des européens n’ont jamais entendu parler de violence domestique contre les femmes. Un citoyen sur deux pense qu’elle est assez répandue (très répandue pour 1/4).
Une femme est tuée chaque semaine par son conjoint en Europe (Par Sonia Wolf, Agence France-Presse Strasbourg. Novembre 2002). La violence conjugale est devenue un phénomène endémique en Europe où chaque semaine une femme est tuée par son mari ou son concubin, selon le Conseil de l’Europe qui a appelé [récemment] ses 44 États membres à la réprimer plus durement. Pour les femmes de 16 à 44 ans, la violence conjugale serait la principale cause de décès et d’invalidité avant le cancer, les accidents de la route et la guerre, selon des statistiques citées par un rapport du Conseil de l’Europe. En Europe, selon les pays, de 20 à 50% de femmes sont victimes de violences conjugales. Mais il n’existe pas de «portrait-robot» du conjoint violent et aucune couche sociale n’est épargnée, selon le rapport. Un décès de femme est imputable aux violences conjugales tous les quatre jours en 2005. Sur l’ensemble des années 2003 et 2004, en France métropolitaine, une femme meurt en moyenne tous les 4 jours des suites des violences au sein du couple. Contre seulement un homme tous les 16 jours. Les violences subies par les femmes sont un facteur déterminant de leur décès comme de leur acte homicide :
– une femme victime sur deux subissait déjà des violences contre seulement un homme sur cinq ;
– une femme auteur sur deux subissait des violences contre seulement un homme sur quinze. Sur 1789 morts violentes pour lesquelles l’auteur a été identifié, 228 ont eu lieu dans le cadre d’un couple, soit un cas sur huit, dont 17 cas d’euthanasie. (Lire également ci-dessous l’enquête victimation 2007). »
On le voit, la situation de la femme est loin d’être reluisante surtout chez ceux qui ont la prétention d’être des modèles pour oser imposer au monde entier des ‘’prêt-à-porter’’ comme la Convention contre toutes les formes de discrimination à l’égard de la femme et le protocole de Maputo. Aujourd’hui la femme occidentale est dans une situation d’impasse avec la disparition des valeurs comme le mariage (cf. interview Pr.Djibo Hamani p6). Certes chez nous, les choses sont loin d’être roses. Il faut même dire que souvent il y a pire. Et cela s’explique par le fait que les gens prennent des libertés par rapport au Coran et à la Sunna. La violence conjugale et autres violations des droits des femmes se constatent aisément dans certains foyers en ville comme en campagne. Par exemple en vertu de quoi un musulman peut-il s’autoriser de frapper son épouse, souvent avec arme ? Le moins qu’on puisse dire, ceux qui commettent ces mauvaises pratiques, s’ils suivent la Sunna du Prophète Mohamed (SAW) alors qu’ils sachent que le prophète n’a jamais porté sa main sur une épouse ! C’est d’ailleurs, conscientes des violations de leurs droits que les femmes musulmanes de notre pays avaient appris à battre le pavé à travers marches, meeting et déclarations. Cette prise de conscience des femmes a commencé sa maturation depuis la tentative d’imposition du code de la famille d’inspiration occidentale aux nigériens en passant par la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard de la femme jusqu’au protocole de Maputo. Et justement à propos de ces textes leur rejet par les femmes musulmanes du Niger est sans appel : « …Nous saluons la vigilance des élus du peuple qui ont rejeté la ratification de ce texte (NDLR : le protocole) et nous les encourageons à persévérer dans ce sens. (…) ces deux textes piétinent royalement notre éthique et notre identité musulmanes dans presque tous les domaines. » Le 10 septembre 2006 lors d’une ’’manif’’ contre le protocole de Maputo, elles avaient dit dans une célèbre déclaration : «…Nous sommes bien conscientes qu’au Niger, la situation de la femme est loin d’être un modèle dans beaucoup de cas aussi bien dans les centres urbains qu’en milieu rural. En effet, de son état de petite fille à celui de femme mariée, elle est souvent soumise à des traitements qui n’honorent pas l’être humain… ». Dans le même texte, les femmes musulmanes, à la différence des féministes, avaient clairement dit leurs attentes : « Nous réaffirmons donc haut et fort notre attachement aux prescriptions de notre religion par rapport à toutes les questions et essentiellement celles relatives à la femme. Nous sommes convaincues que la femme et l’homme ne sont pas les mêmes du point de vue physique, psychologique et physiologique. Il va alors de soi que cette différence influe au niveau de l’organisation de leur vie. » Et dans cette lutte contre ces textes d’inspiration judéo chrétienne, les femmes musulmanes avaient avec elles les oulémas, les associations Islamiques, les parlementaires, des intellectuels, des juristes, bref l’écrasante majorité des Nigériens. A l’Assemblée nationale toute tentative de vouloir réintroduire le protocole ou la CEDEF peut éventuellement se transformer en une véritable motion de censure contre le gouvernement tant l’engagement de nos parlementaires est réel. Mais il faut déplorer le fait que les féministes ne désarment pas. Nous le savons, certains coupeurs de cheveux en quatre continuent d’animer séminaires et ateliers dans le sens de mobiliser la société civile pour la levée des réserves sur la CEDEF et la ratification du protocole. Dans cette logique certains bailleurs de fonds ont appâté la société civile en disant qu’ils sont prêts à mettre le prix qu’il faut pour appuyer la société civile nigérienne à condition d’atteindre les objectifs ci-dessus. A la guerre comme à la guerre, nous disons à nos frères et sœurs de savoir s’arrêter pour comprendre l’essentiel. Dans cet ordre d’idée nous rappelons simplement cette pensée d’un occidental notamment George Bernard Chaw à propos de l’islam : « J’ai toujours tenu en haute estime la religion de Muhammad à cause de son étonnante vitalité. Elle est la seule religion qui m’apparaît apte aux changements des circonstances et à l’évolution des époques et je prédis- en m’appuyant sur les signes de cette prédiction qui se manifestent d’ores et déjà – que la religion de Muhammad sera acceptable en Europe demain. Je crois que si un homme comme lui (Muhammad) devait assumer la direction du monde moderne, il réussirait à trouver des solutions aux problèmes tout en apportant la paix et le bien être tant désirés. ». Pour conclure, méditons cette réflexion d’un musulman sur la femme en Islam : « Cette femme musulmane dont on se sert pour démanteler une religion qui tient debout, qui est crédible dans ses propos et dans ses actes ; tout au moins pour ceux qui veulent bien s’ouvrir à elle. Cette femme musulmane qui a choisi par ses propres moyens, ses propres envies de respecter et d’adorer son seul et unique Dieu Allah. Personne ne l’a obligée à devenir ce qu’elle est car « Nulle contrainte en religion » (sourate 2, verset 256). Elle est adulte ou elle le devient en épousant cette religion. Elle est tout à fait maître de ses responsabilités en tant que mère, épouse, sœur, citoyenne etc. C’est en toute connaissance de cause qu’elle assume et choisit ses responsabilités. Elle sait que rien en Islam n’est gratuit mais que tout, au contraire, est justifié. Allah n’impose aucune chose sans en donner la raison ou l’expliquer. Et c’est cette justification qui rend cette femme musulmane, aussi bien que toute la communauté musulmane, sûre d’elle-même, de son chemin, et de sa route. Elle est soumise uniquement à Dieu et n’obéit qu’à Dieu. Ce n’est qu’à travers Lui qu’elle assume ses rôles et ses responsabilités. Elle ne se prosternera que devant Lui et pas devant un autre. Et c’est cette totale soumission à Dieu qui lui donne cette liberté entière dont elle peut jouir dans les limites de la Loi Divine. Elle n’est pas une victime de l’Islam mais bien au contraire une partie intégrante qui a sa place, son utilité, participant pleinement et activement au bien-être de la communauté musulmane ».
Elh. Mahamadou Souleymane
Journal As-Salam N°106, Mai 2008