Cheikh Ousseini Hassan fait le point sur le grand prêche national tenu à Niamey

“On ne peut légiférer un peuple fondamentalement musulman sans tenir compte de sa vision, ses attentes et besoins fondamentaux”, déclare Cheikh Ousseini Hassan

Cheikh Ousseini Hassan est membre du Comité des oulémas du Rassemblement des associations islamiques pour le développement (RAIDA), il est également Président du Comité d’organisation du Wa’azin Kassa ou grand prêche national tenu à Niamey du 03 au 05 Mai 2024 avec pour thème : “Aimer son pays, le protéger et œuvrer à son développement : un devoir naturel et religieux”. Placée sous le Haut patronage du Premier Ministre Ali Mahamane Lamine Zeine, cette rencontre a enregistré la participation du Nigeria, du Ghana, du Togo, du Burkina Faso, du Bénin et du Mali.

Al Wassatiyah : Vous venez d’organiser le Wa’azin Kassa à Niamey. Quelle est votre impression sur ce rendez-vous ?

Cheikh Ousseini Hassan : Nous sommes satisfaits de la tenue du Wa’azin kassa tenu à Niamey du 3 au 5 Mai 2024. Je peux dire que les objectifs assignés à ce rendez-vous ont été atteints. Nous remercions Allah (SWT) pour les bienfaits qu’Il nous a accordés dans notre pays cette année. Aujourd’hui nous avons retrouvé l’unité et la solidarité entre populations et autorités, main dans la main avec une même vision. Les associations islamiques, toutes tendances, sont plus que jamais unies. Notre pays a eu la bénédiction qu’il n’a jamais eue avec les séances de qunut (invocations) et la lecture du Coran dans la quête de la recherche de la protection d’Allah et l’affirmation de sa souveraineté. Le message est bien passé et nous avons tenu à dire au monde entier que nos pays sont unis sous la bannière de l’islam. Les leaders religieux ont tenu à réaffirmer leur soutien sans réserve aux autorités qui œuvrent pour une véritable souveraineté nationale.

Al Wassatiyah :  Le thème central du Wa’azin Kassa c’est “aimer son pays, le protéger et œuvrer à son développement : un devoir naturel et religieux”. Pourquoi le choix de ce thème ?

Cheikh Ousseini Hassan : Le choix de ce thème est extrêmement important en ce sens que les oulémas ont tenu à sensibiliser les fidèles et l’ensemble de la communauté musulmane pour défendre leur pays et travailler pour son développement comme un devoir religieux en plus des autres actes cultuels. Durant les trois jours nous avons programmé 24 communications pour aborder différents aspects du thème central par des grands oulémas. Le message est bien passé à travers les médias publics, les médias privés et les réseaux sociaux.

Al Wassatiyah :  Selon vous, comment atteindre un développement intégral pour nos pays en proie à la concurrence des grandes puissances mondiales ?

Cheikh Ousseini Hassan : C’est justement cela la pertinence de notre thème général. Il nous faut une vraie unité nationale pour faire face à ces puissances colonisatrices qui ne visent qu’à profiter de nos ressources naturelles et à nous assujettir. Ces puissances ont toujours utilisé certains fils du pays pour assouvir leurs desseins. Il est absolument nécessaire que tous les fils du pays regardent dans la même direction. Pour ce faire, il ne faut pas se laisser diviser par les idéologies qui visent à nous dominer. Il importe d’identifier nos ennemis extérieurs et intérieurs pour mieux les combattre.

Al Wassatiyah : Comment expliquez-vous un pays comme le Niger à 99% musulman mais dirigé par des lois laïques ?

Cheikh Ousseini Hassan : Nous soutenons les nouvelles autorités pour leur attachement à la patrie et leurs promesses d’œuvrer pour la souveraineté pleine et entière du Niger. A notre sens, aimer le Niger c’est aussi respecter l’esprit et les valeurs essentielles auxquelles les populations sont très attachées. Parmi ces valeurs, il y a l’islam dont, comme on le sait, se réclament plus de 99% des Nigériens. Dans ce sens, il faudrait que les dirigeants du monde musulman prennent conscience des enjeux de notre monde et par conséquent se soutiennent pour la préservation et la défense de leur identité. Nous suggérons aux autorités que pour la refonte des textes fondamentaux, il faudrait désormais impliquer pleinement et activement les oulémas, pas seulement pour des fatiha d’ouverture. L’islam vise le bien être de la communauté et la paix pour le monde entier. Notre religion ne s’oppose pas au progrès et elle encourage les fidèles à se prendre en charge et également à œuvrer pour le développement intégral du pays. Il serait injuste de ne pas tenir compte  des contributions de l’islam dans tous les secteurs de la vie de notre pays. On ne peut légiférer un peuple fondamentalement musulman sans tenir compte de sa vision, ses attentes et besoins fondamentaux.

Réalisée par Abou Soumaya