Connect with us

Actus

Billet :   La foi ou le mercantilisme béat…

 

Période de dévotion, de réserve et d’humilité, par excellence, le Ramadan est aussi synonyme de solidarité, de tolérance et de pardon. Mais, très paradoxalement, ce mois au cours duquel les fidèles musulmans se privent, à longueur des journées, de nourriture et de boisson, est une période de grande consommation, notamment dans nos centres urbains.

Au Niger, comme dans la plupart des pays musulmans, ce mois béni du Ramadan exclusivement dédié à la quête spirituelle, est perçu comme une période de traite par beaucoup de commerçants. L’occasion faisant le larron, avec la hausse du niveau de consommation des denrées alimentaires, beaucoup de vendeurs ne résistent pas à la tentation de faire grimper les prix des produits de première nécessité, par un jeu subtil de spéculation dont eux seuls connaissent le secret. Le jeûne et les sourates à la bouche, certains excellent même dans la pratique du Riba (intérêt usuraire), un acte si grave. « Ô ! Vous qui avez cru, craignez Allah et renoncez au reliquat du Riba si vous êtes vraiment croyants. Si vous ne le faites pas, alors recevez l’annonce d’une guerre de la part d’Allah et de Son messager. Si vous vous repentez, vous aurez vos capitaux, vous ne léserez personne, et vous ne serez pas lésés. » (Coran sourate 2, versets 278-279).

 

Plus grave est le cas de ces commerçants véreux et aux dents longues qui vont jusqu’à fausser l’équilibre de leur balance de pesée des marchandises pour mieux gruger le client et se faire plus de bénéfices. Pourtant nul n’ignore la sentence qui frappe les auteurs d’une telle fraude vigoureusement dénoncée par la sourate Al Mutaffifin (Les Fraudeurs), le chapitre 83 du Coran.

Sachant qu’entre l’expression de la foi et la tentation du mercantilisme béat, il y a forcément un choix à faire, l’on était en droit d’espérer que le mois béni du Ramadan serait exempté d’un tel comportement détestable.

Malheureusement, le phénomène de la flambée des prix pendant le ramadan est tellement criard que, à chaque fois, à l’avènement de ce mois béni, les autorités compétentes sont amenées à aller vers les commerçants pour leur demander ‘’à cause de Dieu’’, de ne pas céder à la boulimie de la surenchère. Hélas, passant outre les prescriptions coraniques et toutes les supplications des clients, des autorités et des oulémas, les spéculateurs sans foi ni loi n’en font qu’à leur tête. Dire que dès l’appel du muezzin, ces mêmes vendeurs et leurs victimes accourent vers les mosquées et occuper les premiers rangs des fidèles !

Ce jeu de surenchère est d’autant plus répréhensible qu’en règle générale, au Niger, quand les prix montent, même au gré d’une circonstance, c’est pour ne plus redescendre. En effet, à chaque fois qu’on assiste à une hausse de prix à la suite d’une pénurie de produits, cette hausse demeure intacte une fois et pour toujours. Du moins, jusqu’à la prochaine pénurie qui entrainera une autre hausse. Ce qui fait dire aux observateurs attentifs qu’au Niger, les prix des produits s’évaluent au gré des pénuries.

Maïda Hâma

Continue Reading
Advertisement

Categories